|
L'acupuncture; une imposture médicale?
Poser la question c'est déjà proposer une réponse. Mais dire que
l'acupuncture est une imposture médicale, ne signifie pas que sa
théorie vaseuse soit sans aucun fondement. La science médicale
encore plus que les autres sciences, est basée sur l'observation
du réel. Le réel ici est le symptôme qui révèle un malaise ou un
dysfonctionnement des organes. L'observation de l'effet constaté
montre une amélioration ou une aggravation; dans un certain
nombre de cas, la médication peut se révéler sans effet apparent
sur le mal ou le bien-être du malade.
Dans le cas des médecines dites parallèles, après un traitement,
on peut observer un changement bénéfique plus ou moins sensible
sur certaines maladies. Le problème est alors dans
l'interprétation de cette expérience, et pour cela on est bien
obligé d'appliquer un protocole et d'avoir une démarche savante
et rationnelle. Il se trouve que jamais une expérience menée
avec rigueur n'a démontré que tel ou tel effet bénéfique soit dû
à une pratique de l'acupuncture.
-"Post hoc,ergo
propter hoc" -à la suite de cela, donc à cause
de cela- est le sophisme qui consiste à trouver la cause
d'un événement dans l'événement qui l'a précédé.
La
mercantilisation de tout ce qui tourne autour de la
maladie pousse à l'abus des
médicaments qui aggravent
parfois le mal qu'on prétend soigner. Beaucoup de malades
se détournent de la médecine allopathique qui pourrait
les guérir.
Un médicament sur deux qui sont prescrits, sera jeté.
Même si le médicament ne représente que 7% de la charge
des budgets sociaux, il y a une pression des entreprises
pharmaceutiques incitant à prescrire et à consommer des
médicaments. Ils ne sont pas toujours efficaces pour le
mal visé, mais ils ont souvent des effets secondaires
indésirables et provoquent une dépendance chez certains
patients. |
Trop souvent aussi, beaucoup de mystifications ont dénaturé la
théorie et l'application de cette pratique et l'ont ainsi
discréditée.
On sait bien que l'empirisme est la base de la science médicale
et pharmaceutique. Mais c'est en étudiant scientifiquement les
pratiques empiriques qu'on a pu établir les premiers fondements
d'une science médicale et pharmaceutique.
Tout au contraire, le praticien de l'acupuncture ira chercher
l'authenticité dans ce qu'il sait des pratiques qui datent
probablement de plusieurs siècle avant notre ère. Aucune
réflexion savante n'a été ajoutée à ces théories.
Le paradoxe est que la vogue de l'acupuncture s'est développée
en occident au moment où cette pratique était en désuétude dans
le pays d'origine. Seuls les chinois pauvres, en fait la plus
grande partie de la population, avaient recours à cette
pratique.
Le 18° siècle en Europe est celui des voyages et de
l'observation des mœurs "exotiques" qui s'est accompagnée d'un
véritable engouement émerveillé. Il est remarquable que si
certains hommes de science se sont intéressés à l'acupuncture,
ils l'ont d'abord connue par le truchement des voyageurs et des
écrivains qui y ajoutaient les broderies de leur imagination
avec leur pratique de la fumerie d'opium.
C'est précisément dans la 2° moitié du 19° siècles que
l'empereur de Chine interdit l'enseignement de l'acupuncture
comme nuisible au progrès de la médecine. Le docteur Louis
Berlioz (le père de notre musicien) a été un fervent
propagandiste de l'acupuncture en France.
On doutera de la vraie connaissance médicale de tous ceux qui
pratiquent l'acupuncture. On doutera de la sincérité de ceux qui
appliquent ce traitement en se garantissant parallèlement par un
traitement de médecine classique.
Le fait de se servir d'aiguilles même spécialement étudiées pour
faire le moins de mal possible, n'empêchera pas l'accident
direct ou indirect d'une piqûre mal faite au mauvais endroit du
corps.
Le praticien prépare son malade en le prévenant d'être patient
et de s'attendre à ce que son mal s'aggrave momentanément. Une
telle prévention pourrait être faite par tous les médecins pour
beaucoup des maux dont nous souffrons.
Il est normal qu'un malade qui ne trouve pas guérison à son mal
qui dure, ait le sentiment d'impuissance de la médecine
classique. Il sera prêt à tenter n'importe quelle médication
dont il entend ou lit les louanges de son entourage ou des
revues spécialisées en vogue.
Un des arguments pour cette pratique est de dire que dans tous
les cas, il n'aggravera pas la mal qu'il prétend traiter.
Nous entendons le même argument appliqué à l'homéopathie. Le mal
peut être en tout cas dans le temps perdu à se soigner sans
effet, d'une maladie qui s'aggrave au lieu de trouver dans la
médecine classique une médication adaptée et éprouvée à sa
maladie.
Mais si l'acupuncture reste réservée à certains malaises qui
souvent se guérissent d'eux-mêmes, et si l'effet placébo joue
en sa faveur, et si le malade convaincu endure mieux son mal et
en triomphe par un effet sur lui-même, et si pendant qu'il se
livre à cette pratique incertaine il évite de s'empoisonner par
un médicament mal dosé et mal adapté... alors ne jetons pas la
pierre aux acupuncteurs ; les plus honnêtes après un diagnostic
appris aux études de médecine savent sincèrement conseiller à
leurs patients d'aller vers la médecine classique et
scientifique quand le mal est grave.
|
|